Dans le sillage de la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19, la crise économique et sociale qui frappe le pays a un impact conséquent sur la vie de nombreux Français. L’augmentation de la précarité est réelle et significative, comme le montre l’afflux de nouveaux publics dans nos dispositifs et structures. La mobilisation engagée depuis plus d’un an doit se poursuivre, tel est le mot d’ordre général, d’autant que les nouveaux variants sont très agressifs. 

En mars 2021, soit un an après l’apparition du coronavirus sur notre territoire, une partie de la France (16 départements) était à nouveau confinée. Tous nos espoirs reposent désormais sur la campagne de vaccination à laquelle la Croix-Rouge française participe activement, dans le but de protéger des vies et de nous permettre de sortir de la crise. 

Dès la fin du mois d’octobre, un socle commun d’activités prioritaires déployées sur tous les territoires a été défini à la suite du deuxième confinement annoncé par le gouvernement. Plusieurs missions principales ont ainsi été mises en place ou renforcées en vue de répondre à la double crise sanitaire et sociale :

• Lutter contre l’isolement social par les services d’écoute, de soutien psychologique et de livraison de produits de première nécessité des dispositifs Croix-Rouge chez vous et Allô comment ça va ?.
• Développer et médicaliser les maraudes.
• Maintenir ou renforcer les distributions alimentaires dans les unités locales, les épiceries sociales et les dispositifs mobiles.
• Accompagner les établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux pour permettre la continuité des activités et l’organisation des visites en EHPAD.
• Participer aux opérations de dépistage et de vaccination.

Le choix de ces actions prioritaires a été dicté par la nécessité d’accompagner d’abord et surtout les plus vulnérables et, par ailleurs, de protéger et prendre soin des bénévoles et salariés de l’association. Le deuxième confinement, bien que moins strict que le précédent, a en revanche eu des effets dévastateurs sur la population française, à la fois sur les plans psychologique et économique. La durée de la crise liée à la pandémie de Covid-19 a fait basculer des milliers de personnes dans la précarité, une situation aggravée encore plus par les inégalités sociales préexistantes. Tandis qu’un troisième confinement était imposé à partir du 20 mars 2021, il était donc indispensable de rester mobilisés auprès des publics les plus fragiles.

À cette feuille de route est venue s’ajouter une nouvelle mission : la mise en place de dispositifs de vaccination pour soutenir la campagne nationale lancée début janvier par le gouvernement.

Nous avons déployé dès fin 2020 une stratégie nationale dédiée au dépistage et à la vaccination en mobilisant des médiateurs de lutte anti-Covid et en proposant notre soutien logistique et humain aux 1 500 centres de vaccination répertoriés dans l’Hexagone à la mi-mars.

Stopper la circulation du coronavirus est l’enjeu majeur de la campagne de vaccination. La Croix-Rouge française sait par expérience (grippe H1N1 ou Ebola à l’international) que pour être efficace, il est nécessaire de vacciner 60 à 70 % de la population. Nous en sommes encore loin mais l’accélération de la vaccination est désormais réelle. Objectif du gouvernement : vacciner 30 millions de Français d’ici cet été.

Dans son enquête publiée le 14 octobre 2020, l’Insee a constaté que le premier confinement (du 17 mars au 11 mai 2020) a entraîné l’appauvrissement d’un quart des ménages, d’autant plus fortement que leur niveau de vie était initialement bas. Autrement dit, même s’il existe des disparités, de nombreuses familles ont basculé dans la précarité du jour au lendemain. Une situation critique qui risque de s’aggraver encore dans les mois qui viennent. L’Unedic prévoit notamment 900 000 chômeurs supplémentaires en 2021.

Cette hausse de la précarité se traduit par une augmentation des besoins fondamentaux, comme l’accès à l’alimentation, à l’hébergement ou à l’hygiène, ainsi que par l’arrivée de nouveaux publics dans nos dispositifs. La Croix-Rouge française enregistrait ainsi, fin décembre 2020, une augmentation de 20 à 25 % des demandes d’aide alimentaire. Fait important, plus de 90 % de nos structures d’aide alimentaire ont été sollicitées par un grand nombre de personnes, dont de nouvelles catégories de populations°:

• personnes en situation de grande exclusion (+40 %)
• chômeurs (+ 64 %)
• travailleurs intérimaires ou travailleurs pauvres (+ 63 %)
• retraités (+ 37 %)
• étudiants (+ 23 %)
• travailleurs indépendants et commerçants (+ 23 %).

Par ailleurs, 76 % des personnes rencontrées lors des maraudes n’étaient pas référencées par nos services intégrés d’accueil et d’orientation. Il s’agit donc de nouveaux publics, tombés dans la précarité ou dont la situation a empiré en raison de la crise du Covid-19.