Les Espaces Bébé Parents poursuivent leur mission coûte que coûte
Progression dans le chapitre
Je suis responsable de l’EBP de Boulogne-Billancourt depuis sa création, en 2008. L’EBP est un concept super : les familles viennent régulièrement passer un après-midi avec nous, les bénévoles. Les mères sont avec leur bébé, bien sûr, et on se retrouve d’abord autour d’un café, avec des petits gâteaux, pour des moments conviviaux. Parallèlement, nous leur proposons de participer à divers ateliers (nutrition, budget, éducation, estime de soi, illettrisme, etc.) et, toutes les deux semaines, nous leur remettons un colis dont les produits sont adaptés à l’âge de leur bébé contre une petite participation financière. Cruciale pour les familles, cette aide matérielle est aussi un prétexte pour mettre en place un accompagnement individuel, en lien avec les travailleurs sociaux du département, la mairie et d’autres associations. C’est aussi l’occasion de parler de la parentalité, de voir si tout se passe bien avec le bébé, de répondre aux questions des parents, d’orienter les familles vers des acteurs complémentaires. Précarité, isolement social, parcours de migration…, elles font face à des problématiques diverses, pour lesquelles il est parfois complexe de trouver les réponses adaptées. En parler à l’EBP permet de faire avancer les choses !
Le premier confinement a impacté l’activité de plein fouet, puisqu’il n’était plus possible de recevoir les familles dans nos locaux. Il a donc fallu revoir notre mode de fonctionnement. Dès le mois de mars 2020, nous avons organisé des rendez vous avec les parents pour qu’ils viennent chercher leur colis ou pour pouvoir leur livrer à domicile. Dans l’impossibilité de les accueillir, nous avons décidé de faire des entretiens par téléphone. Tous les 15 jours, j’appelle chaque famille pour prendre des nouvelles, faire le point sur ses démarches ou ses difficultés. Garder le contact est important, d’autant plus lors d’un confinement.
Les besoins sont là, encore plus qu’avant. Nous accueillons des nourrices et des femmes de ménage qui travaillaient dans des restaurants ou des bureaux qui ont fermé; des personnes qui travaillaient de façon précaire et avaient juste de quoi vivre, mais se sont retrouvées sans ressources. Nous avons également vu arriver des familles qui n’arrivaient plus à nourrir leurs enfants, les écoles et cantines étant fermées. Et puis, des mamans commerçantes font aussi appel à nous aujourd’hui; elles ont tout simplement mis la clef sous la porte.
Il y a vraiment des situations très difficiles. Je ne peux pas envisager que des bébés doivent se contenter d’un demi-biberon ou que de jeunes mères, à peine sorties de la maternité, n’aient pas les moyens d’acheter du lait pour leur nourrisson! On se dit alors qu’on a pu leur apporter quelque chose, être présent à un moment de leur histoire à la fois heureux et angoissant, les débuts de la vie d’un enfant. Malgré la fatigue, il faut continuer car ce que nous faisons est utile et a du sens, plus que jamais !