July 1, 20221
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Les coulisses de l'action
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La neutralité, notre force pour agir

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La neutralité, l’un des principes fondamentaux de notre institution, a été malmenée et mise en doute à plusieurs reprises au cours de la crise en Ukraine. Le Comité International de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (CICR), notamment, a été la cible de rumeurs et fait l’objet d’informations décontextualisées sur les réseaux sociaux, courant mars. Ces tentatives de déstabilisation peuvent se révéler extrêmement dangereuses pour notre Mouvement, pour la sécurité des civils comme celle de nos volontaires sur place. C’est la raison pour laquelle nous avons rappelé haut et fort notre attachement à la neutralité, ainsi que la nécessité de respecter le Droit international humanitaire (DIH).

« Même dans la guerre, il y a des règles »

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est le gardien des Conventions de Genève. Il les a écrites et tous les États – dont l’Ukraine et la Russie – les ont signées en 1949. Ils sont donc tenus de respecter le droit international humanitaire ; un droit souvent méconnu qui est pourtant le fondement même de l’action humanitaire et le garant de la protection des civils.

 

Interview de Frédéric Joli, porte-parole du CICR en France.

 

Le rôle du CICR est de protéger et de porter assistance aux civils, et de faire respecter le DIH. Historiquement, le CICR est une organisation diplomatique, un négociateur, un intermédiaire neutre dans les conflits armés. Il a un dialogue confidentiel avec toutes les parties prenantes aux conflits, dans une préoccupation exclusivement humanitaire. Prendre parti l’empêcherait d’avoir accès aux victimes du conflit et mettrait en danger ses personnels sur le terrain.

 

 

Le conflit armé en Ukraine a toutes les caractéristiques des autres conflits dans le monde, où nous intervenons, que ce soit en Syrie, au Yémen ou ailleurs : il touche des villes, des zones densément peuplées. Ces guerres en ville provoquent de nombreuses victimes, des pénuries et endommagent des infrastructures vitales, comme les hôpitaux. Or, selon les règles imposées par le DIH, les civils ne font pas partie du conflit et ne devraient pas être pris pour cibles.

Que nous dit le DIH ? Que même dans la guerre, il y a des limites et des règles. On ne peut pas faire n’importe quoi. On n’a pas le droit de s’attaquer à la sécurité des civils, de tirer sur l’ambulance, d’exécuter quelqu’un sans procès, de torturer…

Le CICR reconnaît trois principes en situation de conflit : l’humanité, l’indépendance et l’impartialité. L’humanité est en quelque sorte le principe faîtier du DIH. L’impartialité nous dit qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise victime. C’est parce que nous apportons ces garanties-là que nous parvenons à intervenir sur tous les terrains de guerre.

 

*Le CICR est présent en Ukraine depuis le conflit au Donbass en 2014. Sa présence a été renforcée – 800 membres déployés – depuis l’extension du conflit à l’ensemble du pays, le 24 février dernier.

Pourquoi la neutralité est-elle vitale ?

Le principe de neutralité est l’un de nos sept principes adoptés en 1965 et respectés par l’ensemble du Mouvement international. Or, il est souvent mal interprété, considéré comme de l’inaction.  Au contraire, c’est vraiment un atout, une force au service de l’action et du dialogue, d’autant plus en situation de conflit ! Dans le contexte actuel en Ukraine, cette neutralité permet au CICR et à la Croix-Rouge ukrainienne d’accéder aux blessés, aux personnes détenues ou aux personnes déplacées, de les accompagner, de négocier un accès humanitaire… En résumé, de faire respecter le droit international humanitaire par l’ensemble des parties au conflit.”

 

Charlène Ducrot, responsable adjointe des relations internationales à la Croix-Rouge française.