Analyser et mesurer notre impact
Progression dans le chapitre
Quel est notre impact sur la prévention de la propagation du virus ?
Durant la première vague, 99 % des personnes accompagnées par les équipes du dispositif Croix-Rouge chez vous ont déclaré que les gestes barrières avaient été respectés lors de la visite des bénévoles et 42 % qu’elles avaient appris à mieux se protéger grâce à eux.
Quel est notre impact sur la santé des personnes affectées par la crise ?
Toujours lors de la première vague, nous avons dédié 13 % de nos capacités d’accueil en hospitalisation complète aux patients atteints par le Covid-19. 1 335 patients et 825 salariés, parmi ceux qui les ont accompagnés dans nos établissements, ont été infectés depuis le début de la seconde vague. Le nombre de patients infectés pris en charge par rapport au nombre de salariés reste sur l’ensemble de la crise à un ratio constant de 1,6 patient pour un salarié.
Qu’en est-il de l’accompagnement social des personnes affectées par la crise ?
- Maraudes et Samu sociaux
Pendant la première vague, l’activité de nos maraudes et Samu sociaux a été d’autant plus soutenue que les dispositifs publics ont été nombreux à être débordés. Ainsi, chaque bénévole a accompagné 21 personnes, ce qui représente une moyenne de 159 heures d’activité par intervenant, de mars à juin. Au cours de la seconde vague, grâce au recul qui nous a permis de mieux anticiper la situation, nous sommes quasiment revenus à un fonctionnement identique à celui de 2019. Ainsi, chaque bénévole a accompagné 13 personnes, pour 121 heures d’activité en moyenne. Cette préparation nous a aussi permis d’avoir 20 % de bénévoles actifs de plus lors de la deuxième phase de mobilisation.
- Aide alimentaire
Nous avons constaté une augmentation d’environ 20 % de la fréquentation des unités d’aide alimentaire lors de la seconde vague. Les travailleurs indépendants, les chômeurs de longue durée et les personnes en chômage partiel y étaient les catégories les plus représentées. En mai 2020, 70 % des dispositifs d’aide alimentaire observaient déjà un nombre significativement plus important de bénéficiaires.
Nos réponses sont-elles pertinentes ?
Il nous est indispensable de savoir si les effets produits par nos actions sont conformes aux enjeux sociaux, économiques et environnementaux générés par une situation de crise qui perdure, mais aussi d’observer les effets imprévus, qu’ils aient des incidences positives ou négatives. Nous avons pu valider plusieurs hypothèses.
Ainsi, cette crise hors normes confirme le rôle de la Croix-Rouge française en tant qu’acteur majeur des secours, aux côtés du Samu et des sapeurs-pompiers, par sa réactivité et sa capacité d’adaptation, en particulier lors de son passage au mode de gestion de crise.
La résilience organisationnelle de l’association est également démontrée à travers le maintien de nos missions traditionnelles, tout en répondant à de nouveaux besoins liés à la crise.
En outre, nous avons su attirer et fidéliser de nouveaux bénévoles, ce qui prouve notre capacité à mobiliser les citoyens autour de nos missions en temps de crise majeure.
L’impact psychologique pendant la deuxième vague
Comme l’ont montré les résultats de l’enquête CoviPrev lancée par Santé publique France, la seconde vague a fortement impacté le moral et l’équilibre psychologique de la population. La tendance à la hausse des états dépressifs s’est confirmée entre septembre et novembre 2020.
Lors de la première vague, deux dispositifs nationaux d’écoute avaient permis de lutter contre l’isolement et les souffrances psychologiques qui touchaient en majorité des personnes retraitées ou sans emploi. Croix-Rouge Écoute a ainsi reçu plus de 53 858 appels, avec parfois plus de 1 000 appels par jour. 200 personnes présentant des troubles psychiques d’apparition récente ont pu être orientées vers des cellules d’urgence médico-psychologique. Le second dispositif, Allô comment ça va ? a quant à lui permis d’appeler régulièrement 2 600 personnes pour entretenir un lien sur une trentaine de territoires. La crise sanitaire et son prolongement ont donné à voir la gravité des souffrances liées à l’isolement et la pertinence, pour la Croix-Rouge française, d’y apporter des réponses concrètes.
Mesure d’impact social et RetEx
Agir est une chose, savoir si l’on va dans le bon sens en est une autre ! Comment s’assurer que nos actions répondent bien aux besoins ? Comment nous améliorer, affiner nos actions ? Pour y parvenir, nous nous appuyons sur deux méthodes, l’étude d’impact social et le retour d’expérience (RetEx), menées conjointement et se nourrissant l’une l’autre. Alors que l’étude d’impact social a pour ambition d’identifier les changements liés à nos actions et les analyser en profondeur, le RetEx apporte un éclairage essentiel sur les facteurs de réussite et les améliorations requises pour une meilleure gestion de la crise sur un plan opérationnel et technique.
INTERVIEW de Gwendolyn El Atreby, chargée de la mission RetEx à la direction de l’urgence et des opérations de secours.
Comment s’organise le RetEx ?
Le processus se déroule en plusieurs étapes. Nous avons profité de l’accalmie de la période estivale pour réaliser un premier débriefing opérationnel. L’objectif était d’analyser l’organisation de la gestion de la crise du printemps 2020 et d’identifier les axes d’amélioration et les bonnes pratiques existantes dans la perspective d’une reprise de l’épidémie à la rentrée. Ce premier point d’étape se devait d’être complété par un RetEx. Compte tenu de l’incertitude sur la durée de la pandémie, nous avons décidé de réaliser un premier bilan à paraître en juin 2021.
Quels sont les principaux enseignements tirés de ce débriefing ?
Notre organisation nous a permis de répondre aux objectifs fixés: protéger nos intervenants, assurer la continuité de nos activités et soutenir la population dans les domaines du secours, de la santé et de la solidarité. Face à une crise aussi inédite, nous avons dû faire preuve de créativité pour répondre au mieux aux besoins. L’évolution constante de la pandémie a généré un flux considérable d’informations vers les établissements et le réseau bénévole. C’est un axe d’amélioration à travailler. La durée de la crise pose également la question des ressources humaines disponibles.
Quelle méthode allons-nous employer pour la suite ?
Dans le cadre d’une enquête en ligne organisée conjointement avec les équipes de la mesure d’impact social, nous allons interroger entre autres nos élus et responsables d’activités sur l’accompagnement mis en place par les instances nationales. Cette enquête sera complétée par des réunions thématiques, afin de creuser des sujets clés tels que l’implication de la gouvernance ou notre expertise en matière de santé. Cela nous permettra également d’entendre les personnes que nous n’avons pas encore pu interroger. Il s’agit avant tout de faire preuve d’humilité et de pragmatisme pour progresser ensemble tout au long de l’exercice.